L'opération "Rose des Vents"
La direction de la RTF décide de contrer les " attaques " dont sont victimes les émissions vers l'étranger, tant par le pouvoir exécutif que législatif, notamment en ce qui concerne l'adéquation entre les coûts et les résultats de ces émissions, dont une grosse partie est financée par le ministère des Affaires Etrangères. Il est notamment souvent reproché aux émissions françaises sur ondes courtes d'être difficilement audibles dans le monde.
En janvier 1963, le directeur général de la RTF, Robert BORDAZ, charge Edouard BALLADUR, l'un de ses conseillers, de présider une commission qui fera un " état des lieux ". Un rapport, remis en avril 1963, constate que la France tient une mauvaise place parmi les diffuseurs internationaux, que les 20 émetteurs de 100 kW sont sous-exploités et que les émissions sont de trop courtes durées. Il est recommandé la création d'un service permanent en français.
Pour contrer l'affirmation " les émissions françaises sont pratiquement inaudibles dans le monde ", la direction de l'ORTF (l'ORTF est créée en juin 1964 en remplacement de la RTF) lance l'opération " Rose des Vents ". Alors que chacun des 20 émetteurs n'est utilisé en moyenne que 3h30 par jour pour diffuser en 18 langues, il va s'agir de les faire tourner au maximum, plus exactement 19 émetteurs sur les 20 car France Inter en utilise un pour son relais sur 6175 kHz, soit plus de 15 heures par jour pour chacun d'eux ou 315 heures/fréquences quotidiennes du 20 au 30 novembre 1964. La France durant cette opération passera au 4ème rang mondial parmi les diffuseurs sur ondes courtes alors qu'en temps normal, elle est à la 11ème place.
La diffusion se fera vers 22 directions sur 35 fréquences. Pour fournir les émetteurs en programmes, outre ceux qui étaient habituellement diffusés, il a fallu installer sur les sites d'Allouis et Issoudun des magnétophones. Afin de vérifier la qualité de la réception, des rapports d'écoute à établir sur un formulaire très détaillé vont être demandés aux auditeurs. Au total, l'ORTF va recevoir plus de 45 000 correspondances sans compter des centaines d'enregistrements sonores qui vont parvenir de plus de 110 pays.
Au final les conclusions sont évidentes, l'augmentation du volume des émissions ne peut que contribuer à l'augmentation de l'audience des émissions françaises sur ondes courtes. Elément qui sera pris en compte par le ministre de l'Information, Alain PEYRREFITTE, mais l'année suivante, en 1965, les crédits ne seront pas à la hauteur des demandes, tant du côté du Ministère des Finances que du Parlement. Le 5ème Plan quinquennal 1966-1970 avait prévu 232 millions de francs de crédit pour la construction de centres d'émission en Guyane, à Djibouti et en Nouvelle-Calédonie. Au final il n'y aura que celui de Guyane qui ne verra le jour que près de 20 ans plus tard.
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